Presqu’ à Beyrouth

Direction l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, assise a l’arrière dans un taxi, je descends les collines pour arriver dans les banlieues de la ville de Beyrouth. Apres 20 minutes de trajets fluides entre les arbres, le feu rouge m’attend. Ah oui c’est l’entrée et la traversée de cette ceinture pour pouvoir accéder à l’ALBA. A partir d’ici, attente de 15 minutes entre les voiture pour parcourir mes 200 mètres jusqu’à l’université. 8h30 je suis en cours, en plein milieu de cette ceinture, a l’extérieur le cirque continue.

A la  pause, j’observe les lieux ici, on sent un climat universitaire particulier. Les murs sont blancs, les grands espaces désertiques, fièrement exposée une ronde-bosse d’Alexis Boutros, fondateur de cette académie. Avant d’arriver à sin el fil l’ALBA était une école nomade qui avait commencé dans une école de musique pourtant aucun signale de salle de music ou d’évènement concert annonce sur les murs mobiles, elle a apparemment perdu ses racines. Il me reste 12 minutes, durant cette pose, un seule lieu de mouvement et d’activité; la cafeteria. Je continue mon cheminement lent, le temps que la pose se termine. Le long des murs des signalisations qui séparent chacune des écoles de cette académie sur des étages différents, de sorte à ne pas se tromper d’étage.

Intriguée, je visite la bibliothèque qui trône au dernier étage du bloc A, je sors au balcon presque inaccessible cache derrière ces grandes baies vitrées et observe l’université de haut. Je porte mon regard plus loin que la ceinture qui nous enferme et nous aspire tous les jours, je vois des espaces verts. Ah oui autour de Beyrouth il Ya la campagne pas seulement l’autoroute et des zones industrielles, j’entends même des oiseaux chanter. J’aimerais me mettre en résistance devant cette ceinture qui nous enclave et nous délivre tous les jours. Quelle ironie ! Même pour boire un verre on va Mar Mikhael. On parle de vivre-ensemble et de multiculturalisme mais le bateau de l’université est une enclave intellectuelle et physique. On regarde nos têtes et l’intimité de nos sacs avant d’entrer. Aucune alternative à cette ceinture qui nous engouffre dans Beyrouth, comme si la mixité de l’université avec le quartier serait impossible. J’aime la référence au bateau d’Henri Lefebvre, « Le navire, c’est l’hétérotopie par excellence. Dans les  civilisations sans bateau les rêves se tarissent, l’espionnage y remplace l’aventure, et la police, les corsaires. » Ici le quartier et la fac sont deux bateaux à quai d’une presqu’ile de Beyrouth.

Cette ceinture c’est l’interstice dans lequel les différences se bousculent. Seulement sans prises communes, les individus glissent sans se rencontrer. Tout dans cette enclave m’agace l’autoroute crée une séparation physique des 3 quartiers, et se place comme un sasse hermétique entre les quelques ilots centraux et le reste de la ville.

Les trajectoires des usagers ne les tournent que vers le bitume, sans jamais les tourner vers un espace culturel ou vers la campagne. Boum boum toujours pareil sous les foulées des gens presses et le bruit des claxons. Comment arrêter la course et faire assoir l’oisiveté de ceux qui quittent hatement cette région ? Comment souligner l’art et la culture aux abords de la ville ? Comment permettre aux habitants des 3 quartiers de se rencontrer ?
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